jeudi, août 03, 2006

Maroc-Israël : la Webtifada est lancée

Les hackers marocains de Team Evil ont piraté, le 28 juin, plus de 750 sites israéliens en réponse à une offensive de l’Etat hébreu dans la bande de Gaza. La riposte d’Israël ne s’est pas faite attendre : quelque 400 vitrines Internet du Royaume ont récemment été attaqués. La guerre sur le Web semble lancée.
Les spécialistes qui estiment que les hackers marocains sont de petits joueurs ont dû avoir un choc. Le 28 juin dernier, entre 750 et 850 sites israéliens ont été pris pour cible par Team Evil (« l’équipe diabolique »), un groupe de pirates marocains apparemment âgés de moins de 20 ans. C’est la première cyber-attaque d’envergure qui frappe l’Etat hébreu depuis plusieurs années. Et les dégâts auraient pu être plus lourd si le virus n’avait pas été maîtrisé à temps. Les pirates ont « défiguré » des vitrines
web gouvernementales et institutionnelles plus ou moins sécurisées, qui n’ont pas toutes pu être récupérées pour le moment. Mais Israël a récemment riposté en menant lui aussi une cyber-guerre.
« Tant que vous tuerez des
Palestiniens, nous tuerons vos serveurs »
Cela fait un moment que Team Evil attaque
Israël, protestant ainsi contre les morts quotidiennes de Palestiniens qui suivent ses offensives dans les Territoires. Le groupe, qui attaque régulièrement de petits sites israéliens, aurait commencé ses activités en 2004 en hackant des sites américains. Au fur et à mesure, les actions sont devenues de plus en plus fortes. L’an passé, il s’en est pris à des entreprises moyennes connues et, en avril dernier, a frappé plus fort en touchant notamment la chaîne de restauration rapide Mac Donald’s.
Ce qui a radicalisé Team Evil, c’est l’opération « Pluie d’été » du 28 juin menée à
Gaza en réponse à l’enlèvement, quelques jours plus tôt, du jeune soldat franco-israélien Gilad Shalit. Sur les sites israéliens touchés, on pouvait lire, dans un anglais moyen : « Site piraté par le groupe arabe Team Evil. Tant que vous tuerez des Palestiniens, nous tuerons vos serveurs ».
« Nous sommes un groupe de hackers marocains qui pirate les sites en signe de solidarité avec la guerre de résistance menée contre
Israël. Nous attaquons des sites israéliens chaque jour : c’est notre devoir. Le hacking n’est pas un crime. Cessez de tuer des enfants et nous cesserons de pirater », aurait déclaré un porte-parole des hackers à l’agence d’information israélienne, dont les propos sont rapportés par le magazine marocain Tel Quel. Selon les informations de Tel Quel, la brigade israélienne du Web estime que le virus a été préparé bien avant « Pluie d’été », qui a servi de prétexte à son utilisation.
400 sites marocains visés
Loin de rester les bras croisés, « Team Good » (l’équipe du bien) a attaqué le serveur marocain Omihost, qui héberge quelque 400 adresses. Les dégâts étaient sérieux car « l’hébergeur n’assure pas la sauvegarde de copie des sites de ses clients », selon
Maroc IT. Mais, il y a une semaine, environ 150 sites auraient déjà été restaurés. Un communiqué de l’Etat hébreu ajoutait qu’il n’y aurait certainement plus d’« atteinte à la sécurité et à l’économie nationales ».
Les membres de Team Evil sont surnommés les « Mousquetaires du
Web » par une partie de la population marocaine, hostile aux attaques israéliennes en Palestine. Une marche s’est d’ailleurs récemment tenue à Casablanca en soutien au peuple palestinien. Très actifs, d’autres hackers marocains mènent une guerre virtuelle contre Israël. A l’image de LeRommanTique, une équipe de pirates qui qualifient l’Etat hébreu et les Etats-Unis de « terroristes ».
Des agents du Mossad, les services secrets israéliens, ont été dépêchés à Casablanca pour trouver les coupables du cyber-assault. Si le
Maroc ne possède pas vraiment de loi spécifique incriminant la cyber-criminalité, les hackers risquent entre cinq et dix ans de prison au regard de l’article 294 du code pénal qui sanctionne les pirates informatique. Mais on murmure, d’après Tel Quel, que les Etats-Unis seraient ravis de compter dans ses rangs de brillants informaticiens...
Habibou Bangré

Mi Zahra, la mendiante qui vaut des millions

Mendiante, propriétaire d'une maison et millionnaire. C'est ainsi que l'on pourrait décrire Mi Zahra Bent Jilali. Cette vieille femme, âgée de 70 ans, le visage ridé et marqué par les sillons du temps, a parcouru pendant des années les ruelles et les boulevards de Casablanca à la recherche de passants qui veulent bien lui donner quelques pièces. Et c'est ainsi qu'elle a pu avec le temps accumuler une somme colossale qui a atteint les 110.318 DH et acheter six bracelets en or d'une valeur de 40.000 DH.
Le 21 juillet dernier, traînant comme à son habitude à côté de la mosquée située dans le quartier Jamila à Sbata à Casablanca, elle se fait appréhender par la police et acheminer vers le centre social de Tit Mellil où elle a obtenu sa carte nationale le mardi dernier. Pour éviter également qu'elle ne soit volée ou qu'elle dilapide son argent, les responsables du Centre, sur ordre du procureur et avec l'autorisation de sa famille, lui ont ouvert un compte bancaire pour placer sa fortune. Aujourd'hui, Mi Zahra attend avec impatience qu'elle soit relâchée pour vaquer à nouveau à ses occupations : «Je dois aller amasser de l'argent pour acheter une nouvelle maison», dit-elle. Mais cela ne sera possible qu'une fois que le psychiatre aura prononcé son verdict !

Dounia Z. Mseffer

Les Marocains défilent à Rabat en solidarité avec la Palestine et le Liban

Plus d'un millier de citoyens ont exprimé mardi après-midi à Rabat leur solidarité aux peuples libanais et palestiniens. C'est l'Association marocaine des droits humains (AMDH) qui a appelé à l'organisation des sit-in, non seulement dans la capitale mais dans différentes villes du Royaume, où ses 68 sections sont actives, pour dénoncer les agressions israéliennes contre ces deux Etats arabes."Dans le cadre de la journée nationale de solidarité avec les peuples palestinien et libanais, nous avons décidé d'organiser des marches dans toutes les villes du Maroc. Nous dénonçons les agressions de l'Etat terroriste d'Israël", affirme Amine Abdelhamid, président de l'AMDH. A Rabat, trois sections de l'Association ont participé à cette manifestation. Il s'agit de celles de la capitale, de Salé et de Témara. Avant d'entamer le sit-in au cœur de la ville, l'AMDH a en premier lieu organisé un défilé de voitures tout en arborant des drapeaux libanais et palestiniens. A partir du siège de l'Union marocaine du Travail (UMT) aux Orangers, la tournée, conduite par plusieurs représentants des forces démocratiques, a commencé à 17h30, passant par plusieurs quartiers : Océan, Akkari, G5, Yaâcoub Al Mansour, Youssoufia…Le défilé de voitures a pris fin au centre-ville où le sit-in devait se passer sur la grande place à côté de la poste à 19h00. L'AMDH voulait via cette action sensibiliser les habitants de tous les quartiers populaires de Rabat de la plus haute importance de la solidarité avec le Liban et la Palestine où chaque jour des civils, dont bon nombre de femmes et d'enfants, meurent à cause de la guerre barbare menée par Israël. " Nous voulons dire à tout le monde que cette agression doit cesser le plus tôt possible.Il faut augmenter la solidarité au niveau des pays arabes et des Etats du monde entier pour que le massacre sioniste s'arrête et pour la libération de tous les détenus politiques séquestrés par Israël ", explique le président de l'AMDH avec une grande détermination. A côté de l'AMDH, nombreuses sont les associations de femmes et de jeunes et de représentants de quelques partis politiques qui ont tenu à participer au sit-in de la capitale. Tous scandaient les mêmes paroles de colère contre les évènements tragiques que doivent subir, contraints, les Palestiniens et les Libanais. Des slogans anti-sionistes ont été sans cesse répétés par tous les protestataires, sans exception. Tous les manifestants exprimaient haut et fort leur indignation. Les images des victimes diffusées chaque jour par toutes les chaînes de télévision attisent les colères de tous les Arabes. " On ne peut pas rester passif face aux carnages perpétrés chaque jour contre nos frères en Palestine et au Liban."Notre voix doit parvenir à tous les décideurs. Il ne faut pas rester les bras croisés. Il faut agir au plus vite. Nous devons combattre le silence ", s'exclame Fatima Ezzahra Soufiane, une jeune participante âgée à peine 16 ans. Elle n'est pas la seule adolescente à participer à ce sit-in et à tenir un discours qui dépasse son âge. Maints jeunes ont manifesté leurs sentiments d'exaspération. Saïd Hamdaoui, membre actif d'une association de jeunes à Témara, a affiché sa solidarité avec les deux pays arabes : "A chaque fois que je regarde la télévision, une grande tristesse m'envahit. Comment peut-on ici vivre dans la joie et le bonheur tandis que des dizaines de nos frères meurent chaque jour ?", s'interroge-t-il.A travers cette manifestation, l'AMDH a appelé les peuples du monde arabe et toutes les forces démocratiques à se solidariser moralement et matériellement avec les peuples libanais et palestinien. Les manifestants prient aussi les gouvernements arabes de se mettre aux côtés des choix de leurs masses populaires.Les manifestations, les marches et les sit-in se poursuivront pour condamner les tueries de civils innocents et la destruction des infrastructures et pour dénoncer le mutisme international.
De notre correspondante J.G. LE MATIN